Laurent Tiffounet, ostéopathe de l’équipe de France de Rugby et de l’équipe de France Dames FF golf a accordé une interview exclusive à l’école Oscar.
L’école d’Ostéopathie Oscar située à Strasbourg, dispense un enseignement de l’ostéopathie de haut niveau pour encadrer ses étudiants à devenir des praticiens confirmés et diplômés.
Bonjour Monsieur Tiffounet, nos étudiants ainsi que leurs professeurs sont ravis de pouvoir poser leurs questions à un professionnel reconnu par la profession.
J’ai tout d’abord été diplômé en Kinésithérapie avant de m’intéresser à l’ostéopathie.
J’ai été formé à l’école Benichou de thérapie manuelle, puis j’ai rejoint l’institut franco-britannique d’ostéopathie pour enfin me former en biokinergie, qui fait le lien entre la médecine chinoise et l’ostéopathie.
En ce qui concerne mon parcours d’ostéopathe sportif, je dirais qu’il s’est dessiné grâce au fruit de rencontres, j’ai eu la chance de rencontrer l’entraineur de Rugby de la région de Toulouse.
Lors de la sélection régionale des joueurs, il n’y avait pas encore d’ostéopathe pour s’occuper d’eux, ils m’ont donc demandé d’exercer mon métier pour cette équipe.
J’ai ensuite intégré l’équipe médicale pour le club de rugby professionnel, et plus particulièrement l’équipe junior jusqu’au moment ou l’équipe professionnelle a eu besoin d’un ostéopathe et on m’a donc demandé de travailler avec eux. Tout s’est enchainé grâce notamment au bouche à oreilles puisque j’ai ensuite été contacté par l’équipe de France de Rugby.
En ce qui concerne l’équipe de France féminine de Golf, j’ai été contacté en 2009 par la fédération française de golf qui voulait constituer une équipe médicale pour leur équipe féminine.
J’ai en parallèle un cabinet dans lequel j’ai créé une structure qui permet aux sportifs d’être suivis tout au long de l’année.
Questions de Mélanie B. étudiante à l’école Oscar :
Je suis basé dans mon cabinet. Je planifie mes déplacements en fonction des besoins des sportifs et de la fédération de golf ainsi que celle de Rugby. Cependant la plupart du temps, sauf cas de championnats, les sportifs viennent me voir à mon cabinet.
Vous êtes pour ainsi dire, une référence en France pour l’ostéopathie des sportifs :
Il faut savoir que toutes les professions médicales sont représentées : le diététicien, le podologue, le kinésithérapeute, l’ostéopathe et plus encore. Il est possible d’avoir des compétences complémentaires comme la kinésithérapie et l’ostéopathie et donc être le professionnel de l’équipe pour ces deux activités.
Il peut y avoir deux ostéopathes dans l’équipe médicale cependant cela est plus rare.
Il faut savoir, et c’est bien triste, que sur le plan comptable, les médecins arrivent en dernières lignes, les clubs sportifs ne comprennent l’intérêt de professionnels de la santé que trop tard…lorsqu’il y a déjà des blessés.
Cependant cette tendance est en train de changer et l’intégration des ostéopathes dans le staff des équipes sportives se fait plus facilement.
Autrement, les joueurs issus de clubs professionnels viennent me voir directement à mon cabinet.
Je pars en compétition avec les équipes nationales dont je m’occupe deux à trois semaines et cela deux fois par an.
Ensuite, je me déplace lors de rassemblements pour l’équipe afin de faire un bilan avec eux et d’établir pour chacun le travail que je vais devoir effectuer si nécessaire.
Mon métier aujourd’hui pour les équipes sportives est surtout de faire de la prévention en fonction des problématiques de chacun. Ceci consiste à faire un travail sur les muscles mais aussi sur les articulations, des conseils diététiques, de kinésithérapies etc.
Ce déplacement a lieu un mois avant chaque compétition.
Questions de Morgane A. étudiante à l’école Oscar :
Le premier motif d’intervention est la prévention, l’intérêt du sportif professionnel étant d’être le moins souvent blessé. Mon rôle est donc de prévenir certaines blessures avant leurs arrivées.
Questions de Arthur V. étudiant à l’école Oscar:
Je ne peux pas décrire de manipulations précises car le traitement est global. Le sportif n’est pas différent des autres patients. La douleur peut être viscérale, énergétique, crânienne, musculaire, notre devoir étant de faire que la personne se sente mieux.
Je me méfie des professionnels « spécialisés dans le domaine sportif » puisque pour moi, il n’y a pas de traitement spécifique aux sportifs. En revanche, il faut tenir compte du corps du sportif, qui s’adapte en fonction du sport. Il faut savoir, dans certains cas, ne pas y toucher pour ne pas déstabiliser le sportif dans son geste. Nous avons une approche spécifique sur le plan biomécanique, et à la personne. Il n’y a pas de recette toute faite !
Questions de Arthur V. étudiant à l’école Oscar:
La complémentarité du travail de l’ostéopathe et du kinésithérapeute va dans les deux sens. Les deux doivent travailler en équipe. Lorsqu’un kinésithérapeute par exemple ne voit pas d’évolution dans son travail, il peut passer la main à l’ostéopathe qui a une vision plus globale et qui pourra débloquer la situation car le traitement ne sera pas le même. Le travail du kinésithérapeute sera après plus facile et ça lui permettra de réussir à débloquer la situation.
A contrario le travail du Kinésithérapeute consolide le travail de l’ostéopathe.
Questions de Mélanie B. étudiante à l’école Oscar :
L’ostéopathe fait parti d’un circuit de professionnels de la santé lorsqu’il s’agit d’équipe sportive nationale. Il fait donc équipe avec un préparateur physique, plusieurs médecins, un diététicien, un kinésithérapeute et chacun apporte une valeur ajoutée pour les sportifs.
J’insiste encore sur le fait que le premier rôle de l’ostéopathe est de prévenir la blessure. Nous agissons lorsqu’une petite douleur musculaire persiste, ou une douleur articulaire, un état de fatigue, lorsqu’un joueur a du mal à récupérer après un match. Nous venons pour faire le bilan des maux de chacun et pour les aider à s’en débarrasser.
La fréquence de mes interventions dépend des conditions de chaque équipe: le suivi en club professionnel se fait en général en une demie journée par semaine, en laissant la priorité aux joueurs à problématique suite aux matchs ; si aucun sportif n’a de problème particulier, je prend au hasard des membres de l’équipe à examiner afin de prévenir d’éventuels maux. Je ne prends jamais les mêmes personnes car au final tout le monde doit être examiné au moins une fois.
Questions de Morgane A. étudiante à l’école Oscar :
Mon contrat est sur une saison, cependant il peut être reconduit à l’infini, en accord avec le club pour lequel je travaille. En revanche, lorsqu’il y a un changement d’entraineur, ce dernier peut arriver avec son staff et impose alors l’équipe médicale avec laquelle il a l’habitude de travailler.
C’est la raison pour laquelle il est important d’avoir son propre cabinet en parallèle.
Questions de Marie C. étudiante à l’école Oscar:
Non je ne pense pas, cependant aujourd’hui en France le ratio d’ostéopathe féminin exerçant son métier pour une équipe sportive est faible contrairement aux anglo-saxon. Cependant je ne fais pas de différence homme/femme. La seule différence est pour les personnes qui n’hésitent pas à pousser les portes !
Avant de penser à l’acquisition d’une formation complémentaire il faut se découvrir en temps qu’ostéopathe. Ce n’est qu’avec expérience qu’on découvre l’ostéopathie. En sortant de l’école, nous avons des connaissances mais c’est avant tout la rencontre avec nos patients qui nous font évoluer.
Et pour que cette évolution soit satisfaisante, il faut évoluer soi-même.
Le plus important est d’apprendre a bien se connaître, à rester humble, et seulement après on peut commencer, peut être, à aller chercher à compléter son expertise et non à se spécialiser !
Un autre point important dans son ascension professionnel est l’échange avec les confrères, car c’est avec leurs expériences et leurs vécus professionnels que l’on peut beaucoup apprendre.
Le meilleur conseil que je puisse donner est de rester humble, quoi qu’il arrive, nous avons tous fait des erreurs et nous en ferons encore surement !
Le deuxième conseil est d’être a l’écoute de ses patients, être a l’écoute de soi même car pour si l’on veut soigner convenablement un patient, il est important d’être en phase avec soi-même, stable psychologiquement et prêt chaque jour a recevoir ces patients dans de bonnes conditions.
Oui je suis sportif, j’ai toujours aimé le sport et j’ai un peu touché à tout. J’ai beaucoup joué au tennis étant jeune, j’ai même intégré des stages de ligue fédérale. J’ai eu la chance de vivre dans une station de ski ce qui m’a permis d’intégrer des compétitions de ski. J’ai été traité en ostéopathie des l’âge de 10 11 ans car je faisais beaucoup de sport, et ce métier m’est apparu comme une révélation, c’est très vite devenu une évidence, j’allais devenir ostéopathe !
J’ai la chance d’avoir une clientèle composée de sportifs de haut niveau, que ce soit dans le domaine du football, du ski, du ski nautique, du rugby, du karaté, du volley et bien d’autres domaines encore.
La majorité des sportifs que je soigne habitent dans les environs de mon cabinet. Cependant certains viennent ponctuellement pour un bilan une à deux fois par an et après ils ont des relais sur place.
La relation que j’entretiens avec les joueurs n’est pas que professionnelle. Notre relation va au delà du soin que je lui donne puisqu’une relation de confiance s’installe entre le patient et moi-même. Notre métier requière une approche psychologique, qui est très importante, et comme tout autre patient, le sportif souvent se confie beaucoup, ce qui crée un véritable lien entre nous au fil des années.
Effectivement je me déplace beaucoup à l’étranger, c’est donc un atout pour moi de parler l’anglais. Je ne pense pas que ce soit une obligation mais c’est tout de même une valeur ajoutée. Surtout que beaucoup de joueurs étrangers font parties de clubs sportifs français, la communication avec eux est donc plus facile que si je ne parlais pas l’anglais.
Ce fut un plaisir de pouvoir échanger avec vous,
Tous les étudiants et l’équipe de l’école Oscar vous remercient !